Le Bonheur est juste là

Petit pantin dans son jardin
Croisait les fleurs sur son chemin
Les fleurs et leurs subtils écrins :
De pétales, de couleurs et de parfums

Il s’y voyait en grand, petit pantin
Croiser une fleur un doux matin
S’esquisser quelques desseins
Et mourir serein, entre ses reins.

Alors que pantin chantait sa prose
Sa première rencontre fut la rose…
A un “Bonjour” timide Pantin s’ose,
Il faut dire qu’elle avait quelque chose !

Quel ne fut pas alors son émoi
Quand sous sa belle robe rouge sang
Petit pantin soudain se heurta
A des sujets d’un autre piquant.

De rose a ronce, le sourcil alors se fronce
Et si le cœur ne se brise, il faut qu’il se bronze
Pantin songe, puis d’un revers sa défaite éponge,
Dans l’infini jardin, rêveur, Pantin replonge,

Aperçoit au loin un cerisier japonais
De milles pétales d’un autre rose peuplé,
Doux boutons de fleurs si fragiles à bichonner
A notre petit pantin, guère plus il n’en fallait

Ainsi sans réfléchir, Pantin se jette à l’eau
Et laisse naître en lui, comme un amour nouveau
Désormais réunis, comme éternel duo,
Sa fleur et lui troquent leurs mots contre un tango

Ils dansent toute la nuit, comme deux choses confondues
Ils dansent, s’aiment et s’embrassent, toujours sans retenue
Ce n’est que quand l’aube finalement venue
Que de toutes ses fleurs l’arbre était dépourvu…

Hélas, candide, petit pantin ignorait
Que les roses fleurs de cerisiers japonais
Ne sauraient jamais pointer le bout de leur nez
Qu’une timide et minuscule semaine par année…

“Adieu veau, vache, cochon, couvée”
Comme dans « Pierrette et son pot au lait”,
C’est tout un rêve qui vient de s’envoler
Et pantin repart, le cœur triste et naufragé.

Dans sa tête il n’y a plus que souvenirs
« Toute bonne chose doit-elle toujours finir ?”
Mais c’est toujours au creux d’un soupir
Qu’une autre muse fait pointer son sourire

C’est ainsi que Pantin croisa Coquelicot :
La rosée du matin comme des perles sur sa peau
Venues parfaire un déjà si charmant tableau,
L’invitait sur leur toile, loin de tous les maux.

Le monde pouvait alors bien trembler
Et toutes les autres fleurs faner
L’amour, Pantin l’avait enfin trouvé
L’amour le grand, l’amour oui, le vrai…

C’était sans compter sur sa plus belle amie
L’omniprésente, qui jamais ne nous oublie
Par beau temps comme par temps de pluie
Elle vient toujours tout changer : la vie.

La même vie qui les avait tous deux rassemblés
Semblait alors obstinée à les séparer
Les pétales fragiles s’envolent, c’est le bouquet.
Après rose et cerisier ? Vraiment, quel toupet !

Pantin se trouve à nouveau seul, seul et défait,
Avec ses jolis souvenirs comme seuls effets
Mais ce que la vie fait, aussi parfois défait
Pour mieux alors nous renvoyer vers d’autres fées

Hélas les fées, Pantin ne les voyait plus
Lilas, tulipes et autres bleuets disparus
Elles étaient la pourtant, il ne les voyait plus
Même qu’on le lui dirait, même qu’il ne l’aurait pas cru

Blasé, préférant solitude aux amours contrefaits
Abîmé mais tranquille, erre le cœur dégrafé…
Malgré la vie, les fleurs et tout autant de fées
Ne serait être amoureux plus qu’à l’imparfait

C’est tête baissée que Pantin rebroussait chemin
Quand soudain, au moment de quitter son jardin
Quelle ne fut pas la surprise au cœur de pantin
Qu’il venait sans savoir… de croiser son destin

La Marguerite était là depuis tout ce temps :
A côté de la rose et sa robe rouge sang,
Posée sous les cerisiers fleuris du printemps,
Ou un peu perdue près du coquelicot dansant…

Oui, elle était la et Pantin ne savait la voir
C’est toujours au loin qu’il jetait son regard
A la recherche du plaisir, oubliait le bonheur
Juste à portée de doigts, juste à portée de cœur

C’est toujours par le bruit qu’il fait quand il s’en va,
Qu’on reconnaît le Bonheur qu’on n’attendait pas
Et toutes ses aventures l’avaient finalement porté la,
Elle était là, bohème, soumise à aucune loi.

Simple et sauvage, elle en avait du caractère !
Elle était folle, elle était belle, elle toute entière
Pantin l’aimait c’est sûr, si fort et si sincère
Et dans son ventre un nœud qu’on ne saurait défaire

Le temps pouvait passer, que non rien n’y faisait
La vie cruelle hier, aujourd’hui venue poser
Ce qui depuis le début, pour lui, composait
Un amour véritable sur son cœur renforce

Marguerite et Pantin partis sur les chemins
Ses regards le faisaient roi ; lui, la faisait reine,
Riaient, pleuraient, dansaient, toujours main dans la main,
Et partirent ensemble ainsi jusqu’aux chrysanthèmes.

A la vie,
Au temps,
Aux marguerites.

***

J’ai essayé ici d’écrire une petite fable en voulant faire un éloge à la simplicité.

J’ai par ailleurs voulu illustrer que « la beauté dépend des yeux de celui qui regarde » Oscar Wilde – la beauté des fleurs oui, mais plus largement la beauté de la vie et de tous ces miracles quotidiens que l’on oublie trop souvent, assourdis par le bruit des villes, aveuglés par la lumière des écrans. C’est logiquement donc aussi une invitation à savoir habiter le présent, le « ici et maintenant » qui nous entoure. Une invitation à la curiosité, valeur si chère à mon Grand-Père. Enfin, j’avais envie d’illustrer que rien n’arrive jamais par hasard, et qu’il n’a y pas de destination sans voyage. J’espère que certains auront pris en le lisant, un peu du plaisir que j’ai eu en l’écrivant. Et puisse chacun trouver sa ou ses marguerites, qui ou quoi qu’elles soient.

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